Le
30 septembre : Trieste et l'Autriche, de 1382 à l'État
indépendant.

Analyse
de Paolo
G. Parovel
Ce
30 septembre, une semaine après l'équinoxe d'automne, est
l'anniversaire de l'acte de dévouement par lequel en 1382 à Graz,
Trieste la petite ville indépendante, afin de ne pas devenir une
colonie de Venise comme d'autres villes côtières de la mer
Adriatique nord orientale, confia la défense de sa liberté à la
Maison d'Autriche, représentée en ce temps-là par le duc Léopold
III de Habsbourg.
Ainsi
débutait, 110 ans avant la découverte de l'Amérique, le lien
étatique volontaire entre Trieste et l'Autriche qui dura 536 ans,
jusqu'en novembre 1918, garantissant à la ville son indépendance
durant plus d'un demi millénaire, avec la dignité d'État de la
Couronne et ensuite de Pays membre de l'Empire, par le lien personnel
direct avec le souverain.
Depuis
cette époque chaque souverain de la Maison d'Autriche eut ainsi le
titre autonome de Seigneur de Trieste, où il avait comme
représentant personnel tout d'abord un Capitaine, et ensuite un
Lieutenant impérial, adjoint au libre parlement de la ville, avec un
respect total de ses libertés et de ses constitutions, qui furent
consolidées depuis 1850 dans l'exemplaire Constitution de la Ville
Immédiate de Trieste-Verfassung der
reichsunmittelbaren Stadt Triest.
Pour
ces raisons Trieste célébrait, jusqu'en 1918, le 30 septembre comme
une fête nationale, pour le 500ème anniversaire la ville érigea un
beau monument commémoratif sur la place de la Gare et le siège du
Lieutenant impérial était le très élégant Palais du Gouvernement
qui se trouve sur Piazza Grande en face du Palais du Lloyd Austriaco.
C'est
ce lien volontaire avec l'Autriche qui a permis l'intégration
politique et économique de la libre ville-port, la plus au nord de
la Méditerranée avec son arrière-pays naturel mitteleuropéen, qui
depuis le 18ème siècle lui a garanti le plus grand développement
culturel et matériel dans une pluralité féconde de langues,
religions, et sciences grâce aux études, à la navigation, à
l'industrie et les commerces mondiaux de son port-franc.
Ce
ne fut pas par hasard si en 1797 l'on ouvrit dans cette libre
Philadelphie d'Europe aussi le deuxième consulat continental des
États Unis d'Amérique, après leur déclaration d'indépendance, et
si l'Autriche, puis l'Autriche-Hongrie, en plus d'être la
protectrice de Trieste était aussi le seul grand pays européen qui
refusa fermement de devenir une puissance coloniale.
Le
lien naturel solide et fécond de Trieste avec son arrière-pays et
avec l'éducation et l'éthique de la Maison d'Autriche a pu être
brisé seulement par les armes, et malgré la vaillante défense et
la résistance des triestins, par les résultats dévastants de la
première guerre mondiale 1914-18, qui fut et demeure célébrée par
de nombreuses personnes, même un siècle plus tard, comme si elle
avait porté des libertés.
Au
contraire cela fut une inutile e horrible boucherie de peuples, qui
démarra le cycle de la dégradation et de la dissolution de la
civilisation européenne dans les nationalismes, les racismes, les
idéologies totalitaires, l'horreur grandissante des génocides et
dans les nouvelles guerres du XXème siècle, auxquelles on tente
encore de remédier en construisant une nouvelle Europe
plurinationale sur des modèles encore trop déséquilibrés et loin
d'être naturels.
Ces
536 années d'indépendance juridique et pratique de Trieste avec (et
non pas « sous ») l'Autriche ont été interrompues
seulement par les malheureuses 25 années, entre novembre 1918 et
septembre 1943, de la rude et violente occupation nationaliste et
raciste de la part du Royaume d'Italie et de son régime fasciste,
remplacé de septembre 1943 à mai 1945 par leurs féroces alliés
nazistes.
En
tout 27 ans seulement, que
l'on a rendus imposants comme des siècles en
effaçant, officiellement et dans la culture des nouvelles
générations, la mémoire historique réelle de Trieste, pour la
remplacer par les conditionnements culturels de propagandes
nationalistes grossières et grotesques, renouvelées de 1945 à
aujourd'hui et faites passer pour du patriotisme même auprès du
peuple italien.
Après
cette parenthèse, courte mais très opprimante, l'indépendance de
la ville-port de Trieste a été par conséquent correctement
rétablie dans le nouveau contexte mondial par les Puissances Alliées
et Associées vainqueurs,
avec le Traité de Paix de 1947, comme Territoire Libre doté d'un
Port Franc International.
En
somme, étant donné qu'après la seconde guerre mondiale il n'était
pas possible de restituer Trieste à une Autriche-Hongrie
reconstituée, sa ville-port fut constituée en un nouvel État
membre des Nations Unies sous leur garantie, avec un régime
portuaire international et des droits spéciaux pour l'Autriche, pour
les autres états de l'arrière-pays mitteleuropéen de l'ex
Autriche-Hongrie et pour la Suisse.
Les
puissances signataires du Traité et les Nations Unies ont aussi
entamé le régime de gouvernement provisoire du nouvel État de
Trieste indépendant avec un mandat d'administration fiduciaire
spécial confié de 1947 à 1954 aux Gouvernements des États Unis et
du Royaume Uni qui l'ont exercé de façon exemplaire en ce qui
concerne la légalité, l'efficacité et la correction.
En
effet, le nouveau Gouvernement administrateur n'a pas géré la ville
et le port franc selon ses devoirs, mais il a simulé graduellement
la souveraineté de l'État italien, en lui permettant de
s'approprier de toutes les ressources économiques et patrimoniales
de Trieste et de lui imposer le payement, interdit par le Traité de
paix, de la dette publique italienne et d'une énorme quantité
d'autres taxes indues.
Ces
abus ont dévasté l'économie de la ville et paralysé son rôle
productif européen et international, en lui enlevant des
opportunités d'emploi et en précipitant les triestins dans une
spirale de pauvreté croissante, ce qui additionné à la crise
économique générale a atteint des niveaux humainement
insoutenables et moralement intolérables, sur lesquels prospère
seulement la représentation parasitique locale du système
politique-institutionnel italien corrompu.
Qui
ajoute aux abus économiques et fiscaux généraux, la tentative
illicite finale d'étranglement de l'ensemble du Port Franc
International du Territoire Libre de Trieste, dans le but de déplacer
les axes de trafic maritime mitteleuropéens, et même le statut de
port franc, sur les ports de la péninsule italienne.
Ces
violences politiques et économiques ont réouvert, dans le monde et
avec les manières d'aujourd'hui, le cycle symbolique et pratique qui
impose à la population de Trieste de défendre sa propre survie
concrète et sa propre dignité, contre ces mêmes intérêts
politico-économiques agressifs qui la menaçaient en 1382,
lorsqu'elle demanda la protection de l'Autriche et l'obtint durant
plus d'un demi millénaire.
Aujourd'hui
la défense directe n'est plus un acte de dévouement à l'Autriche,
mais consiste à exiger de la Communauté internationale le plein
respect des ses droits d'État indépendant et de Port Franc du
Territoire Libre de Trieste, de son économie et de ses cultures, au
bénéfice de tous les autres États et dans son esprit renouvelé,
philosophique et pratique, originaire de Philadelphie.
Dans
cette défense moderne, l'Autriche, si elle saura sortir de sa longue
crise d'identité politique, peut jouer deux rôles importants qui ne
sont pas seulement historico-affectifs, mais pratiques. Le premier
est celui évident de candidat pour succéder au Gouvernement italien
dans le rôle de Port Franc International pour le compte des Nations
Unies.
Le
second rôle, indépendant du premier, est celui de levier historique
et géopolitique d'une coalition d'intérêts des autres États de la
Mitteleurope avec lesquels Trieste a partagé fraternellement un demi
millénaire d'histoire et continue de partager le même centre de
gravitation politico-économique dans les équilibres du sud-est
européen, qui attendent depuis trop longtemps d'être consolidés.
P.G.P.
Le
monument pour les 500 ans du dévouement de Trieste à l'Autriche/
L'histoire
du monument (en italien)/ LINK
source:
http://www.lavoceditrieste.net/2015/09/30/30-settembre-trieste-e-laustria-dal-1382-allo-stato-indipendente/
source:
http://www.lavoceditrieste.net/2015/09/30/30-settembre-trieste-e-laustria-dal-1382-allo-stato-indipendente/
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